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Boris Achour, né à Marseille en 1966, plasticien contemporain français.
Il vit à Paris, et enseigne à l’École nationale d’art de Paris Cergy depuis 2010

Biographie et œuvre[]

L’œuvre de Boris Achour frappe au premier abord par sa radicale hétérogénéité formelle et conceptuelle. Vidéos, sculptures, dessins, peintures, performances, installations, pièces sonores... c’est presque toute la gamme des savoir-faire de l’art contemporain qui est sollicitée par l’artiste, dont chaque projet paraît circonscrire un propos spécifique induisant sa propre logique technique, adaptée au sujet. Des compétences contextualisées, jamais capitalisées et remises en cause à chaque nouvelle pièce.

À l’encontre de toute logique stylistique, Boris Achour cherche des échappatoires aux systèmes qu’il met en place. Moins esquive, pourtant, que stratégie du déplacement perpétuel, de l’investigation nerveuse d’une œuvre à l’autre, il faut suivre le rythme disjonctif de l’œuvre par l’exercice de la libre association d’idées, en dégageant des lignes d’appréhension plus intuitives que posées a priori dans la multitude informe de ces formes.

Il est co-fondateur, en 1999, de Public, à Paris, un espace d'art contemporain géré par des artistes et curateurs indépendants. En 2002, il co-fonde Trouble, une revue d'essais critiques, avec Claire Jacquet, François Piron et Émilie Renard, qui sont rejoints, en 2005, par Guillaume Désanges

En 2012 dans le cadre de son œuvre "séances "(Un spectacle en forme d'exposition, une exposition sous forme de spectacle, un récit sous forme d'images de sons et de sculptures, un montage d'éléments hétérogènes, construit par le spectateur.) Boris déclare : « j'ai envie de développer et de mêler certains des aspects les plus importants de mon travail de ses dernières années. J'ai envie d’échelles spatiales et temporelles différentes. J'ai envie de proposer une forme qui s'apparente autant au spectacle qu'à l'exposition. J'ai envie d'un récit qui puisse être raconté avec autre chose que des images ou des mots. »

Un premier paradoxe : au sein même de cette hétérogénéité criante , les travaux d’Achour renvoient souvent à la sérialité. Des collections d’affiches (Ici et autrefois et ailleurs et maintenant) aux 200 jaquettes de films vidéo (Cosmos), des séries photographiques (Sommes) aux suites d’actions (Actions-peu), des agencements sculpturaux (Contrôle / Non-Stop Paysage) aux références à la « série » télé (Zooming / Autoportrait en coyote). Ces travaux répétitifs agissent en rafale unique et ne sont jamais repris, comme s’il s’agissait de commencer sans cesse une nouvelle collection. Cette stratégie du renouvellement permanent permet surtout de maintenir l’œuvre dans une immaturité volontaire, offrant les conditions d’un rapport immédiat et impropre au monde.

Comme la pièce intitulée Unité ! le révèle, la propriété unifiante est à la fois problématique et fondatrice chez Achour. Ses agglomérations opèrent sous la forme de l’uniformisation délibérée d’éléments de nature et de facture diverses. L’image du cosmos, largement empruntée par l’artiste , est à cet égard emblématique, en tant que modèle formel de l’unité dans la diversité maximale. Mais aussi comme paradoxal système d’équilibre physique obtenu par l’attraction de forces contraires. À travers l’art, Achour semble chercher une hypothétique harmonie, voire une alliance des puissances, toujours fugitives, dans le chaos des formes du monde.

Une autre image récurrente dans l’œuvre d’Achour concerne la passivité, l’inertie des corps, mais toujours figurée dans une dialectique conditionnelle avec l’action à venir. Des formes transitionnelles du repos révélant le potentiel dynamique de l’amorphe. On-Off. Soit : l’artiste actif dans la ville (Stoppeur, Actions-peu) ou en train d’y somnoler (Sommes). Une exposition activée par intermittence avant de retomber dans la léthargie (Non-stop paysage). Des animations de personnages sur décors fixes (Flash forward). Achour représente les ambivalences d’états physiologiques et mécaniques opposés comme pour rappeler l’énergie potentielle, activable, tendue de l’objet d’art .

Alternativement consommateur et travailleur actif, Achour est un absorbeur de références, se nourrissant des idées et des formes qui l’entourent, dans une visée interventionniste. Ni simple manipulateur ni donneur d’ordres, Achour est fondamentalement un constructeur acharné, jusqu’au-boutiste, sans délégation de compétence. L’aspect fini de ses réalisations garde toujours perceptibles ces traces d’un traitement manuel de la matière.

Achour entretient un rapport décalé, on dirait plus précisément désynchronisé, à la fiction. Fasciné par l’efficacité émotionnelle de l’entertainment (« Pourquoi les artistes contemporains ne font-ils pas des choses contemporaines ? Comme par exemple des clips vidéo ! Des animes flash à télécharger ! Des jeux de société, des shows télévisés. »), l’artiste-scénographe, accessoiriste, décorateur, machiniste, régisseur, se concentre sur les hors-champs du spectacle. Son intérêt pour la culture populaire concerne moins les signifiés (anthropologiques ou culturels) que les signifiants (équivalents visuels des « images-acoustiques »). Des signifiants libres, archétypes infiniment associables qui, exposés tels quels, agrègent les caractères à la fois attractifs et frustrants des bandes-annonces d’histoires qu’on ne racontera pas.

À travers cette mise en œuvre d’une absence fondamentale, de contenu, de scénario, Achour esquisse un subtil rapprochement entre l’œuvre d’art et le fétiche. Des œuvres possiblement appréhendables comme substituts d’une multitude d’objets manquants, suscitant un imaginaire de type libidinal abordé de manière plus ou moins allusive, les jaquettes fétichistes thématiques de la série Cosmos, les joysticks, le verre de lait débordant, la saucisse géante, via l’utilisation de certaines matières, les collants féminins de Jouer avec des choses mortes, le plastique noir moulant un manège enfantin de Sans titre (Kiddy Ride).

Le travail de Boris Achour signale de manière exemplaire comment les formes d’une œuvre, parfois contingentes à des économies particulières assumées à défaut d’être préméditées, doivent être observées avec réserve. Si on a pu assimiler l’artiste à certaines démarches artistiques prônant la discrétion, l’humilité, la micro-résistance, voire la « faiblesse », par un parasitage minimal sur les signes du réel trop nombreux et puissants pour être combattus frontalement, il est vraisemblablement temps de réviser cette position. Depuis ses débuts, c’est avec une posture véritablement démiurgique qu’Achour dispose ses pièces (comme aux échecs), proposant, par touches successives et incessants déplacements, une scénarisation des formes de l’art dans une indétermination permanente entre hommage et impertinence. Et avec pour dessein implicite de réconcilier, sous la forme du canular s’il le faut, les logiques apparemment antagonistes de l’art et de la culture.

Expositions (sélection)[]

  • 2002 Flash Forward, Galerie Chez Valentin, Paris, France
  • 2003 Jouer avec des choses mortes, Les Laboratoires, Aubervilliers, France
    • Non-Stop Paysage, Fri-Art, Fribourg, Suisse
    • Brume, REMO-Osaka Contemporary Art Center, Osaka, Japon
  • 2004 Spirale, Espace des Blancs Manteaux, Nuit Blanche, Paris, France
    • Ici et autrefois et ailleurs et maintenant, Fondation Caixa, Lleida, Espagne
    • Cosmos, Red District, Marseille, France
  • 2006 Conatus (Pilote), Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris, France
  • 2008 Conatus : Timescape, Galerie Cesare Manzo, Rome, Italie
  • 2013 Nouvelles Vagues
  • 2015 : 56e Biennale de Venise All the World’s Futures
  • 2018 Clepsydre, FRAC Poitou-Charentes, Angoulême
  • 2019 Las Utopías Modernas – collection exhibition, Centre Pompidou Malaga
  • 2020 Le vent se lève, MAC VAL
  • 2022 Pas sommeil, Musée des Beaux-Arts de Rennes

Galerie[]


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2009
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2014
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